Après le test fait hier, je ne pouvais pas passer à côté du jeu qui m'a fait découvrir le genre, le jeu de chez Delphine Software qui fut aussi mon premier achat de gamer et quel premier achat ! Je m'en souviens parfaitement, je l'avais acheté, dans sa version Amiga évidemment, chez But. J'avais alors 12 ans et j'avais été séduit par la magnifique boîte et par les captures d'écran visibles au dos. Mais le scénario m'avait aussi beaucoup intrigué. Quel petit garçon n'a jamais rêvé un jour d'être un détective privé ? Et me voilà, tout content dans la voiture de mes parents qui me ramenait à la maison, en train d'ouvrir fébrilement la boîte. Et là, que vois-je ? Une carte du bateau (que vous pouvez voir ci-contre), un petit livre à la couverture en imitation cuir (qui m'a servi pour la bannière de ce billet) contenant des coupures de presse et des annotations (voir le scan disponible au milieu à droite de ce billet), une roue au code étrange (en bas à gauche), et bien sûr les cinq disquettes du jeu, blanches avec le "logo" du jeu en rouge sang. Je n'avais pas encore commencé à y jouer que j'étais déjà amoureux de ce jeu. J'avais alors lu le petit livre et j'avais appris que Niklos Karaboudjan, riche armateur grec, m'avait invité, moi l'ancien inspecteur de police reconverti en détective privé, à participer à une croisière sur son yacht le 25 Mai 1927 pour que je l'aide dans l'écriture d'un roman policier. Comme il payait tous les frais occasionnés et comme je n'avais pas pris de vacances depuis longtemps je me décidais, moi Raoul Dusentier, à profiter de cette offre. Mais voilà, tout n'allait pas se passer comme prévu et à peine arrivé dans ma chambre, Hector, le majordome de Niklos, venait me chercher, paniqué. Niklos avait été tué ! Alors que je m'approchais du corps à la recherche de quelques indices potentiels, un coup me fut porté à la tête. Je me réveillais le lendemain matin à 8 heures et j'étais bien motivé à faire toute la lumière sur ce meurtre qui allait définitivement gacher mes vacances...
Mais comme je suis quelqu'un de méticuleux, j'avais déjà mené ma petite enquête sur les personnes présentes à bord du Karaboudjan III, histoire d'en connaître un peu plus sur les personnes que j'allais cotoyer pendant la croisière. De plus, cela m'avait permis de passer le temps en attendant le jour J. J'allais donc partager ma cabine avec Julio Esperanza y Soca Lambada, un fils à papa fana de courses automobiles qui possédait sa propre écurie, écurie dont il était le pilote principal. Je savais que Niklos s'était remarié avec une jeune femme prénommée Rebecca qui aimait le strass et les paillettes, et la fortune colossale de Karaboudjan l'aidait à assouvir ses envies. Daphnée Karaboudjan, la fille de Niklos issue de son premier mariage et accessoirement petite amie de Julio Esperanza, partageait sa cabine avec Suzanne Plum. Suzanne était une anglaise, une vieille amie de la famille, qui aimait l'alcool, sans doute un peu trop... Le couple Logan, Rose et Tom, était également de la partie. Tom était le notaire qui était en charge des affaires de la famille Karaboudjan. Bien établi à Paris, Tom était marié à Rose et ils n'avaient pas d'enfant. Il restait encore le père Fabiani, ami de la famille Karaboudjan qui entretenait des rapports privilégiés avec Niklos. Le père Fabiani, un peu accroc aux jeux de hasard (chacun sa petite faiblesse), avait une cabine à babord qu'il occupait avec un certain Désiré Grosjean, un militaire de carrière de l'armée française sur lequel je n'avais que peu d'informations. À cela il fallait rajouter le majordome, Hector, qui était au service de Niklos depuis de très nombreuses années ainsi que le reste du personnel du bateau, à savoir le capitaine Simon Vanmuller, la cuisinière, le mousse et la femme de ménage.
C'était armé de toutes ces informations que j'allais m'attaquer à ce qui allait être l'enquête la plus incroyable de ma carrière. Toute l'histoire allait se dérouler sur le bateau, en pleine mer. L'enquête durera 10h30, de 8h00 du matin jusqu'à 18h30, moment où j'allais désigner le meurtrier de mon doigt accusateur et vindicatif ! "C'est vous [...BIP...] le coupable !" Mais avant d'en arriver là, j'allais devoir dénouer un vrai noeud de vipères et comprendre tous les tenants et aboutissants de cette histoire. Chaque personne présente était plus qu'un suspect en puissance, chacun avait un mobile pour ce meurtre et les révélations des uns et des autres n'allaient pas m'aider dans ma tâche, bien au contraire. Alors oui, le jeu a vieilli surtout à cause du personnage qui est en 3D mais qui permettait de donner un effet de profondeur particulièrement novateur. Cet effet de personnage en 3D dans des décors en 2D sera d'ailleurs réutilisé bien plus tard dans "Alone in the dark" puis dans "Resident Evil" (je me demande même si CPUC n'est pas le premier jeu à utiliser cette technique du coup). Mais les musiques, l'ambiance, les bruitages (si vous avez 1 Mo de mémoire sur votre Amiga 500, vous entendez le bois du bateau craqué, les mouettes piaffées, etc.), et l'histoire sont toujours très bons, dommage que l'on ne puisse pas y rejouer via ScummVM (mais tout espoir n'est pas perdu puisque l'équipe de ScummVM y travaille, depuis 4 ou 5 ans soit, mais ils y travaillent). Je sais que ne suis pas objectif quand je parle de ce jeu, mais l'intrigue est tellement bien ficelée que je ne peux m'empêcher d'adorer ce jeu. Après, il faut bien reconnaître que les énigmes sont assez compliquées, que le passage où toutes les personnes à bord du bateau se décident à faire leur confession au même moment est un peu idiot, que les changements de disquettes incessants sont lourds (j'avais d'ailleurs acheté un lecteur de disquette externe pour ce jeu ^.^). Malgré cela, j'adore ce jeu !
On nous parle souvent de la "french touch" dans le jeu vidéo ! Elle a belle et bien existé fin des années 80/début des années 90 avec des studios tels que Delphine Software et ses merveilleux jeux d'aventure bien prise de tête ("Les voyageurs du temps" ou le très bon "Operation Stealth", tellement bon qu'il avait eu la licence James Bond aux États-Unis). Paul Cuisset, qui revient un peu sur le devant de la scène aujourd'hui avec un projet sur Wii, et ses compères de chez Delphine nous avait pondu un jeu d'aventure unique avec une ambiance digne d'un livre d'Agatha Christie. Ce jeu m'a fait découvrir l'univers du point & click et c'est, encore aujourd'hui, un genre que j'affectionne tout particulièrement. Si une sortie de ce jeu sur DS se faisait, je crois que je serais fou de joie (mais une compatibilité via ScummVM me comblerait déjà), tout comme une réédition de "Dune" de Cryo ! Mais cela est une autre histoire et sera sans doute l'occasion d'un autre test nostalgeek ^.^
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/me avait même commencé d'écrire le roman de CPUC au collège ! ^.^
Billet posté le 30 Avril 2009